dimanche 14 juin 2009

Scoop : toute la vérité sur le sens de la vie

Pour le texte qui suit, je m'attacherai à m'exprimer de manière claire et directe, en faisant le moins possible référence à des auteurs ou des thèses existantes ; on pourrait me reprocher de réinventer l'eau chaude, d'être naïvement ignorant de certains problèmes pourtant classiques de la philosophie, mais cela me paraît être la seule façon de faire pour éviter la forme de la dissertation philosophique (exercice assez vain à mon avis), et, tout simplement et surtout, pour pouvoir écrire sans devoir attendre d'être érudit – ce qui bien sûr n'arrivera jamais vraiment, en particulier à quelqu'un d'aussi paresseux que moi.


Quel est le sens de la vie ?


La réponse pourra paraître décevante, car elle prend la forme d'une tautologie : le sens de la vie, la raison pour laquelle on vit, c'est de vivre. Il n'y a rien de plus. Pour pouvoir répondre à cette question il fallait donc se concentrer sur elle et ne pas dériver vers la question « pourquoi y a t-il quelque chose plutôt que rien ? », qui reste la seule question définitivement métaphysique et insaisissable.

Il faut distinguer deux plans : plan individuel (la vie en tant qu'individu), et plan collectif (la vie en tant que membre d'un ensemble).

Comme individu, on vit pour vivre, pour ressentir des émotions, prendre du plaisir et assouvir nos besoins et nos envies. Le « struggle for life » du darwinisme nous montre que ce plan individuel est nécessaire : si tous les membres de l'ensemble étaient exactement identiques, ou agissaient, pensaient et désiraient de la même façon [1], l'adaptation serait impossible ou extrêmement incertaine ; et cela nuirait au plan collectif et donc à l'expansion de l'espèce, à la continuation de la vie.

Comme membre d'une espèce, on vit pour se répandre, comme toute les autre choses dans l'univers. Le virus par exemple s'étend le plus possible ; s'il ne le fait pas, ou pas assez vite, pas assez bien (s'il ne s'adapte pas), il disparaît. Idem pour l'espèce animale. Se répandre est une fin en soi, et continuer d'exister est l'horizon indépassable de ce qui existe.

Tout ça est bien beau, mais à quoi cela mène-t-il ? Je propose d'examiner quelques concepts (sans ordre particulier) sous le prisme de ce qui vient d'être dit.


La morale

La morale, le bien et le mal n'existent pas en tant que concepts détachés des choses auxquelles ils se rapportent ; elle n'a pour finalité que l'espèce humaine. Ce qui est bien est ce qui va dans le sens de la préservation (et donc de la continuation) de la vie, ce qui est mal est ce qui va à l'encontre de la continuation de la vie. Tout le reste (qui n'influe pas sur la vie, même indirectement) est neutre.

Sur le plan individuel, ce qui apporte du plaisir, ce qui permet d'assouvir ses besoins et ses envies est bon, car il s'agit de faire que chaque individu préfère l'existence au néant.

Au niveau collectif, le bien est ce qui va dans le sens de diversité, de l'évolution et donc de la préservation de l'espèce.

L'intention derrière les actes n'a aucune importance, seules comptent leurs conséquences sur la vie.


La connaissance

La connaissance est bonne, en ce qu'elle permet à l'homme de continuer d'exister face à d'autres espèces ou formes de vie.


L'art

La distinction entre un art élevé, majeur, intellectuel et un art mineur, populaire, bas n'a pas lieu d'être, pas du moins en ces termes.

Sur le plan individuel, l'art a pour finalité de divertir, d'amuser, de faire ressentir, et finalement faire préférer aux individus l'existence plutôt que le néant.

Sur le plan collectif, l'art vise à célébrer la vie, à faire émerger et à défendre des idées qui vont dans le sens de la continuation de la vie (et donc de l'évolution et l'adaptation de l'espèce).

Les deux plans sont coexistent et ne sont pas comparables entre eux (l'un n'est pas supérieur à l'autre). La mauvaise œuvre est celle qui échoue à agir à la fois sur le plan collectif et sur le plan individuel, ou dont la réussite sur un plan ne se concrétise qu'à la condition d'un mal sur l'autre plan. Par exemple, un film extrêmement violent peut être jugé très divertissant (ou « vivifiant », en ce qu'il provoque de fortes émotions) par ses spectateurs, mais être pourtant mauvais si son propos général ne fait qu'exalter un individualisme forcené préjudiciable à la continuation de l'espèce, et donc à la vie.


La place de l'homme dans l'univers

L'humanité n'a rien d'exceptionnel, son essence n'a rien de fondamentalement différent des autres espèces ou formes de vie, il ne s'agit que d'une espèce animale qui a pu s'imposer grâce à certaines capacités que lui a donné le hasard de l'évolution.

La morale de l'homme ne concerne que l'homme : aller dans le sens de la perpétuation de l'espèce humaine est bon quand bien même cela se fait au dépend d'autres espèces. Il s'agit simplement de prendre en compte le long terme, et donc de ne pas considérer que la nature peut être exterminée pour plus d'expansion, mais qu'elle doit dans une certaine mesure être préservée, pour la subsistance immédiate de l'homme, mais aussi pour la connaissance que l'étude des espèces animales et végétales peut apporter.


L'exploitation de l'homme par l'homme, la politique

L'esclavage ou le « business-model du goulag » ne sont de toute façon pas des solutions efficaces économiquement, mais même en imaginant qu'elles le soient et que le problème puisse donc se poser, il resterait que l'asservissement est une négation de l'idée selon laquelle une homme est a priori équivalent à un autre (de même valeur dans son essence d'homme), idée qui est la base de la capacité d'empathie.

Or, l'empathie (j'entends par empathie : la bienveillance à l'égard de ceux de la même espèce que soi, comportement rendu possible par la faculté à s'imaginer à la place de l'autre, donc de voir l'autre comme un relatif équivalent à soi) est nécessaire, c'est ce concept qui fait le lien entre les plans individuels et collectifs, et en cela il s'agit du sentiment qui fonde et justifie la morale en chaque individu.

C'est l'empathie qui permet par exemple de supporter un mal au niveau individuel pour un bien collectif.


La religion et la drogue

La religion et la drogue ont au niveau individuel la même fonction : aider à supporter les aléas de la vie (et ainsi, comme cela a été dit, continuer de faire préférer l'existence au néant). La religion le fait par des fables, par exemple celles de la vie après la mort ; la drogue en agissant directement sur le « contentement » de la personne.

Ce ne sont cependant que des solutions ponctuelles et circonstanciées, la religion finissant toujours par devoir inventer de nouvelles fables pour justifier les anciennes, et, à la manière des organismes vivants, s'étendant pour ne pas disparaître, s'étendant jusqu'à aller à l'encontre du bien qui était à son origine, s'étendant en faisant de toutes les catégories citées ci-dessus des sous-catégories d'elle-même (la morale devient ce qui est bien et ce qui est mal pour la préservation de la religion ; la connaissance et la place de l'homme dans l'univers sont inféodés au dogme ; l'art est dénaturé en n'étant plus lié qu'à la fausse morale ; l'exploitation de l'homme par l'homme est justifiée et renforcée, et la drogue elle-même devient enjeu de pouvoir, intégrée au dogme ou interdite [2]). La drogue quant à elle n'agit qu'un moment et avec une efficacité décroissante avec le temps, jusqu'à devenir contreproductive.



1 : Je fais référence à la variabilité dont parle Darwin au début du chapitre II de L’Origine des espèces.

2 : Sur les rapports entre religions et drogue, voir l'excellent Histoire générale des drogues de Antonio Escohotado. On y apprend que le vin de l'eucharistie est très comparable aux drogues diverses administrées lors de pratiques chamaniques païennes, et que le choix de cette drogue (l'alcool plutôt qu'autre chose) a entrainé le rejet hystérique des drogues autres que l'alcool dans les pays les plus touchés par le christianisme, rejet qui a, encore aujourd'hui, des conséquences énormes.



(Image tirée d'une BD du site eegra.com)

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